LES FERMES DE LA REGION DE SAINT-DIE

Les fermes des Hautes-Vosges

Elles appartiennent à la famille des fermes lorraines, abritant sous un même toit les hommes, le fourrage, les animaux et le matériel agricole. Mais si tout le monde loge côte à côte sous le même toit, chacun dispose de sa travée délimitée par les poteaux de la charpente (homme-debout), avec son entrée particulière en façade.

Dans les hautes Vosges, cet habitat est regroupé en hameau lorsqu’il repose au fond des vallées et dispersé sur ses flancs.

Il est reconnaissable à l’emploi du grès rose dans les encadrements d’ouvertures, pour les chaines d’angle de la façade et parfois pour des soubassements ou des bandeaux décoratifs. La porte piétonne est toujours accolée à la porte charretière avec un jambage commun. La cheminée est appuyée sur le mur pignon du logis à la base duquel se trouve encore parfois le four à pain en excroissance.

Le logis comporte généralement 3 pièces en rez-de-chaussée et une chambre à l'étage en façade. Le couloir permet d’accéder à la pièce centrale (la cuisine) qui dessert l’ensemble de la maison. On y trouve la pierre à eau en assise de la fenêtre unique et le manteau de la cheminée au large qui repose sur le poutrage de l’étage supérieur. Sous celui-ci se trouvent l’ouverture du four à pain et le contrecœur (encadré de grès) qui diffuse la chaleur à la pièce de devant au travers de la plaque de cheminée en fonte par le placard de chauffe.

Le décor des fermes de Saint-Dié

Tradition lorraine, le linteau de la porte d'entrée porte l’inscription de la date de construction ainsi que les initiales des propriétaires - bâtisseurs. A l'est de de Saint-Dié, la façade sur rue s'orne d'un riche décor qui s'organise autour de la porte piétonne et de la petite fenêtre d'imposte qui la surmonte. Au fil des siècles, les formes des baies, leur linteau et modénature, mais surtout le décor sculpté varie en suivant des modes très locales. Au cours du 19e siècle, il atteint le summum de son développement et se diffuse parfois sur toute la façade.

Les fermes des 16ème et 17ème siècles sont caractérisée par des baies de petites dimensions aux encadrements savamment moulurés. Elles sont rares, car la région a été ravagée par les calamités du 17e siècle (guerres et peste).

La stabilité et la prospérité reviennent dans le duché de Lorraine avec le début du 18ème siècle. Les façades s'ornent de larges baies bien alignées et aux linteaux en forme de chapeau de gendarme. La porte est surmontée d’une fenêtre d'imposte rectangulaire, elle-même surmontée d'une abritant une statue de la Vierge. Des signes décoratifs se déploient sur le linteau de la porte et sur la clé du cintre de la porte charretière, On rencontre des cœurs, des cornes, des svastikas, des cierges, des ostensoirs et parfois des citations religieuses.

À partir du début du 19ème siècle, le décor se développe et se complète de citations bibliques en latin ou en français. Les linteaux sont délardés en cavet (1/4 de cylindre en creux). La voûte de la porte charretière en plein cintre jusqu’alors s’aplatit pour devenir en anse de panier. Des médaillons répartis sur la façade le complète.

Fin 19ème toute sculpture disparaît, les linteaux sont droits et parfois perdent même leur feuillure à volets.

Quelques exemples (ci-contre)

Vers 1810, l’assise de la fenêtre (elle aussi décorée) vient reposer sur le linteau de la porte.

- Le décor de la porte datée de 1809 (à Ban-de-Laveline) se compose de ostensoirs, cierges, svastikas et niches et de l'inscription "NISI DOMINUS AEDIFICAT DOMUM IN VANUM LABORAVERUNT QUI..." (Si le Seigneur ne bâtit la maison, ceux qui la bâtisse travaillent en vain).
- Le décor de la porte datée de 1811 (à Mandray) se compose de cornes, d'enroulements, de plantes en pots, des initiales des propriétaire-bâtisseurs réunis par une couronne "QUE LA BENEDICTION DU SEIGNEUR REIGNE DANS CETTE MAISON ".

- Le décor de la porte datée de 181o (à Mandray) se compose autour de l'inscription "A TOIT JE ME FIE ET A MOI TU PEUT TE CONFIE - L'AN DIX HUIT CENT DIX".

Vers 1830, une pierre unique sert à la fois d’assise à la fenêtre et de linteau à la porte.

- Le décor de la table datée de 1835 (à Coinches) porte l'inscription " VANUM EST VOBIS ANTE LUCEM SURGERE : SEDEM SURGITE POSTQUAM SEDERITIS QUI MANDUCATIS PANEM ... " (C'est en vain que vous vous lever avant le jour : levez-vous après avoir pris votre repos, vous qui mangez le pain de douleur...).

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Photos et dessins : (c) Inventaire général - Région Grand Est et (c) Ass. Le Haut-Fer.